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En Suède, l’industrie de l’armement monte en puissance

A l’intérieur du petit bâtiment aux façades de bois jaune, situé à la périphérie de Karlskoga (Suède), à 250 kilomètres à l’ouest de Stockholm, loin du fracas de la guerre, le calme règne. Dans l’atelier, les ouvriers assemblent méthodiquement les canons antichars Carl Gustav, qui arrivent ici en pièces détachées. Calibrés, puis testés dans le centre de tir voisin, ils sont ensuite nettoyés et empaquetés dans des housses kaki, avant d’être préparés pour la livraison. Une partie finira en Ukraine, où les systèmes antichars du constructeur suédois Saab – le Carl Gustav mais aussi le lance-roquettes AT4 et le missile NLAW – ont acquis une certaine notoriété sur le champ de bataille.
Directeur de Saab Dynamics, la filiale du groupe centrée sur le segment terrestre, Görgen Johansson ne se lasse pas de raconter le jour où son patron l’a appelé, début 2022 : « Il venait de voir que le Royaume-Uni avait envoyé 3 500 NLAW en Ukraine. » Trois semaines plus tard, le 24 février, la Russie lance son offensive. Très vite, les soldats ukrainiens postent des vidéos sur les réseaux sociaux les montrant en train d’abattre les chars de l’ennemi. Ils y font l’éloge du fameux NLAW, gratifié d’un mème le sanctifiant.
En Bourse, l’action de Saab monte en flèche. Elle a plus que triplé depuis février 2022. Les commandes explosent. Sans attendre, le constructeur suédois investit 150 millions d’euros dans ses capacités de production. Du jamais-vu depuis que le groupe s’est lancé dans la fabrication des Carl Gustav en 1948, assure Michael Höglund, à la tête de la division combat terrestre. Plusieurs usines vont être construites en Suède et à l’étranger, notamment en Inde. Objectif : quadrupler les livraisons d’armes antichars et de munitions, d’ici à 2025, pour passer de 100 000 à 400 000 unités par an.
Görgen Johansson le reconnaît volontiers : la guerre en Ukraine a été une formidable « vitrine » pour Saab, dont le catalogue va des avions de chasse Gripen au système de surveillance aérienne GlobalEye, en passant par les radars, le camouflage et les sous-marins. En 2023, les commandes du groupe, déjà en hausse en 2022, ont grimpé de 23 %, comme son chiffre d’affaires, qui a atteint 51,6 milliards de couronnes suédoises (4,5 milliards d’euros), tandis que son bénéfice croissait de 51 %, pour terminer à 3,4 milliards de couronnes.
Sur un an, le constructeur, qui emploie plus de 21 000 personnes dans le monde, dont 16 000 en Suède, a accru ses effectifs de près de 2 500 personnes, et il continue de recruter. Il n’est pas le seul. Toute l’industrie suédoise de l’armement est en ébullition – un secteur qui rassemble environ 200 entreprises, dont une soixantaine est détenue par des capitaux étrangers. En 2022, ces compagnies, qui affichaient un chiffre d’affaires de 48,5 milliards de couronnes, employaient plus de 28 000 salariés. « Nous n’avons pas encore le résultat pour 2023, mais il devrait être largement supérieur », affirme le directeur de l’Association suédoise de l’industrie de la sécurité et de la défense (SOFF), Robert Limmergard.
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